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Didier Raoult et Dieudo, imposteurs ou titans ?
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bouddha
Ces dernières années ont vu naître une nouvelle forme de citoyenneté sous des apparences diverses, rares et toujours remarquées. Des gens reconnus, établis, sont sorti des clous. Considérés comme des fous par leurs pairs, ils n’ont pourtant pas changé de cap. Au contraire, ils ont fait de leur singularité une posture revendiquée.
Faire un parallèle entre Le professeur Didier Raoult et Dieudonné peut sembler improbable, tant ces deux hommes n’ont pas le même propos et ne partagent certainement pas la même idéologie. Et pourtant, le lien est évident à mes yeux.
Voilà deux hommes que j’admire et pourtant je ne partage pas leurs approches. Raoult conteste le réchauffement climatique, Dieudonné combat le sionisme… Moi je pense qu’on flingue notre planète, et que les religions n’ont pas d’importance, seuls les individus comptent.
Et justement, ces deux personnages incarnent une sorte d’émancipation de l’individu. Ils suivent leur fil conducteur personnel, ils accordent plus de confiance à leur intuition qu’à l’institution. Ils se sont échappés, et ne tremblent pas.
la forme
C’est ce qui est frappant chez eux, ils ne sont jamais démolis et endossent la mauvaise image avec sérénité, ils sont au-dessus du jugement. Ces nouvelles personnalités (nouvelles puisque ça fait très longtemps qu’on n’a pas eu de figures populaire qui soit autant en rupture avec l’ensemble de la doxa médiatico-politique-mondaine) se réfèrent à leur confiance en eux, et acceptent l’idée que leurs actes soient imparfaits. Ils ne confondent pas le fond et la forme.
Nous vivons dans un monde où la forme prime, Paris est une cour du roi où la bienséance prévaut. Il ne faut pas déraper, on côtoie untel en cachette, parce qu’on ne veut pas être associé à son image sulfureuse… Comme si les actes de l’autre pouvait nous changer. Car on vit dans les yeux des autres, nous sommes nos actes.
Ces personnalités ont dissocié l’acte de l’être. Et je partage ce point de vue. Nos actes sont des hypothèses ponctuelles, ils ne nous définissent pas. Exister exclusivement par ses actes, c’est donner le pouvoir à la société de nous juger intimement, hors seul l’individu peut se juger lui-même.
Les personnalités de notre époque travaillent leur image, et s’inventent une forme « aimable » par le plus grand nombre. Ils ne savent plus qui ils sont en dehors de cette forme imaginaire, ce produit consommable. Ils vivent comme on joue aux échecs, dans la stratégie. Et le public croit à la chimère.
raoult
Didier Raoult est étonnant de sérénité, il ne doute pas de sa légitimité, et s’il commet des erreurs, s’il est mal compris, ça n’entame pas sa confiance en lui. Il ne s’en réfère qu’à lui-même. Et c’est pour moi tout l’opposé du tyran, car lorsqu’on se réfère à soi-même, c’est qu’on est en « travail interne ». On cherche à s’améliorer tout le temps. Ce qui n’est pas possible si on ne travaille qu’à améliorer son apparence. Quand la boussole de Didier Raoult indique une mauvaise direction, il cherche pourquoi, trouve la solution et avance. Le tyran, au contraire cherche à contraindre la forme, la maîtriser, il ne connait pas ses propres fondations et ne s’y réfère jamais.
Dieudonné
Dieudonné mène un combat absurde à mes yeux, il combat les revendications d’une communauté, alors que la communauté est le gardien de la forme vide. Il n’y a pas de communautés, il n’y a que des individus qui se cachent dans des communautés, à mes yeux. Cependant, sa force de travail, sa capacité à faire face à l’adversité tout en restant puissant et pertinent, cette légitimé affichée, font de lui un exemple d’émancipation. Il renaît de ses cendres, car ce n’est pas lui qui brûle, mais son image, et il ne se soucie pas de ça.

Ces deux hommes peuvent être contestés dans la forme, mais leurs fondations individuelles fragilisent l’ordre établi, elles révèlent les failles de notre société. Ils prouvent que l’individu est plus puissant que toutes les cultures et lois, et que la seule légitimité au monde est celle que l’on s’accorde personnellement.
Je vois chez eux l’avènement d’un nouveau panthéon, la promesse d’un âge d’or. Enfants de la terre et du ciel et non de la société, ils incarnent une nouvelle espèce de titans.

Loïc Malnati.

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